Les implants mammaires sont considérés comme des dispositifs médicaux implantables.

Ils sont tous constitués d'une enveloppe de plusieurs couches de silicone et remplis soit d'un gel de silicone, soit d'une solution saline physiologique. Les implants mammaires peuvent différer en termes de forme, de contenu et de surface d’enveloppe. Le choix de l’implant se fait au moment de la consultation et sera adapté en fonction du résultat souhaité autant en chirurgie esthétique qu’en reconstruction.

  1. Sérum physiologique

    Le sérum physiologique offre l'avantage d'une grande sécurité, même en cas de fuite. Le remplissage de la prothèse se fait lorsqu'elle est en place dans le sein ce qui permet de réduire la voie d'abord chirurgicale et donc la largeur de la cicatrice. Le volume de l’implant peut être ajusté pendant l’intervention, ce qui peut s’avérer utile pour corriger certaines  asymétries.

    Ces implants ont cependant une durée de vie plus courte,  car la vanne de remplissage peut, avec le vieillissement, présenter des fuites. Celles-ci  surviennent inévitablement et entraînent au fil des années une diminution de volume et la formation de plis parfois visibles ou palpables. Une usure prématurée peut se produire au niveau de ces plis.

    Même si le galbe mammaire obtenu est comparable à celui obtenu avec un implant en silicone, le toucher est lui moins naturel, car l'au n'est ni élastique, ni compressible.

  2. Gel de silicone 
    Les premières générations d’implants mammaires, remplis d'un gel de silicone liquide, ne sont plus disponibles sur le marché. La grande majorité des implants mammaires actuels sont remplis d'un gel de silicone. Les implants des générations plus anciennes (il y a plus de 20 ans) étaient parfois encore remplis d'un gel de silicone liquide, en partant du principe que cela garantirait une poitrine lisse plus longtemps. En revanche, lorsque le sein devient rigide, cela est dû à une "contracture capsulaire" ou "contracture capsulaire" sur laquelle vous trouverez de plus amples informations dans la rubrique "Les implants mammaires sont-ils sûrs ?".

    De nos jours, les implants mammaires de qualité sont tous remplis d'un "gel de silicone cohésif". Cela signifie que ce contenu, bien que parfaitement souple au toucher et compressible, risque moins de s'écouler dans les tissus en cas de fuite. Cela empêche de grandes quantités de gel de silicone de pénétrer dans les tissus. Le volume étant prédéterminé ils nécessitent une voie d'abord chirurgicale légèrement plus large (environ 4 - 5 cm). Un autre avantage important de ce gel cohésif est qu'il permet de donner aux prothèses dites "en forme de goutte" (forme anatomique) une forme plus stable ("implants de forme stable"), ce qui est avantageux dans certaines situations cliniques.
  1. Composition
    L'enveloppe de tous les implants mammaires est principalement constituée d'une membrane multicouches en silicone. Le silicone est un matériau à la fois solide, extensible, étanche et biocompatible. C'est le matériau utilisé dans la grande majorité des dispositifs médicaux, tels que le revêtement des aiguilles d'injection, des cathéters, les stimulateurs cardiaques, etc. Le silicone est également largement utilisé en dehors du monde médical, par exemple dans les rouges à lèvres et autres produits de maquillage, ainsi qu'à l'intérieur des briques de lait et de jus de fruits.

  2. Texture

    La surface de cette membrane en silicone peut être soite lisse, soite finie avec un certain degré de rugosité, tite "texturée". Une troisième catégorie distincte d'implants a une finition en polyuréthane sur l'extérieur de la membrane en silicone. 

    • Les implants lisses ont été les premiers implants utilisés en chirurgie plastique. Ils ont l'avantage de permettre un placement à travers d'une incision limitée. Par contre ils résistent moins bien au déplacement par la gravité et l'action des muscles. Ainsi, ils "descendent" plus vite dans la poitrine, ce qui peut parfois être un inconvénient.
    • Les implants nanotexturés se rapprochent des implants lisses mais sont moins associés à la formation d’une coque. Ils ont l'avantage d'être faciles à mettre en place et ce par une incision assez petite.  Par contre, au vu de leur faible adhérence avec les tissus avoisinants, comme les implant lisses ils présentent peu de résistance à la gravité ou à l’action musculaire du grand pectoral et ils peuvent donc facilement se déplacer vers le bas ou vers le côté.
    • Les implants micro-texturés ont une surface présentant des imperfections microscopiques. Ces irrégularités permettent une meilleure adhérence aux tissus et offrent une résistance  légèrement supérieure au déplacement. Leur principal avantage serait une meilleure prévention contre la survenue d'une contracture capsulaire (coque), mais ceci reste débattu à ce jour.
    • Les implants macro-texturés ont une surface plus rugueuse. L'objectif est d'augmenter l'adhésion de l'implant à l'endroit où il a été placé afin de minimiser le risque de déplacement et de rotation. La protection contra la contracture capsulaire est un objectif secondaire. Pour ces deux objectifs, ces implants ont prouvé un certain effet, bien que celui-ci ne soit pas absolu. Les implants macro-texturés ont été retirés du marché par perte du marquage CE et sont actuellement interdits en raison d'une association décrite plus importante avec le phénomène du lymphome anaplasique associé aux implants mammaires (BIA-ALCL) sur lequel nous reviendrons plus bas. 
    • Enfin, les implants dont l'enveloppe est recouverte par une couche de polyuréthane sont une catégorie distincte. La surface de contact est constituée d'une couche tridimensionnelle d'environ 1 mm qui fonctionne comme un velcro. Ces implants ne montrent pratiquement aucun déplacement ou rotation après leur mise en place. Ils sont associé à un faible risque de contracture capsulaire. Cependant, ils nécessitent une incision un peu plus large (environ 5 cm) et sont techniquement plus difficiles à mettre en place.

 

 

 

Presque tous les fabricants d'implants mammaires proposent dans leur gamme des implants mammaires ronds et les implants mammaires anatomiques (en forme de goutte). Le remplissage peut être réalisé pour chacune de ces formes avec un gel de silicone ou avec du sérum physiologique, bien que le sérum physiologique ne soutient pas bien les prothèses anatomiques.

Le choix de la forme de l'implant va dépendre de l'indication de la chirurgie (reconstruction ou esthétique), de la préférence de la patiente, ainsi que celle du chirurgien. Un implant rond sera plus souvent choisi lorsqu'un décolleté plus bombant et marqué est souhaité, alors qu'un implant anatomique permettra l'obtention d'un décolleté plus "naturel" avec un arrondi de la partie inférieure du sein. En reconstruction mammaire on utilise davantage des implants anatomiques.

Le choix de la forme est important: assurez-vous d'en discuter et de faire connaître votre préférence à votre chirurgien.

En bref : oui. Néanmoins, des complications peuvent survenir avec les implants mammaires, comme avec tous les implants médicaux (implants orthopédiques, stents, valves cardiaques, etc.).

Les implants mammaires n’augmentent pas le risque de cancer du sein et n’empêchent pas non plus la réalisation d’un bilan de dépistage.

Les deux complications les plus fréquentes qui peuvent survenir à moyen ou long terme sont la survenue d'une fuite de l'implant et la formation d'une coque (phénomène de contracture capsulaire).

  1. Fuite
    Selon les fabricants, un implant mammaire de bonne qualité a une durée de vie moyenne de 10 à 15 ans. En l'absence de signe clinique (modification de l'aspect du sein douleur,...), il est recommandé de vérifier après 15 ans l'intégrité de vos implants mammaires. Cela se fait par réalisation d'une échographie "haute définition", et si nécessaire par un examen de résonance magnétique (IRM). Si une rupture est détectée, il est recommandé de remplacer l'implant ou, si vous le souhaitez, de le retirer. La rupture ne constitue pas une urgence chirurgicale, car un gel cohésif ne se répandra pas dans les tissus. Néanmoins, il est recommandé de procéder au retrait ou de remplacer l'implant endéans dans les 3 - 4 mois après le diagnostic de rupture. 
  2. Formation d'une coque
    Tout comme un stimulateur cardiaque, un implant mammaire est un corps étranger. Le corps peut réagir de deux manières : le rejeter ou l'encapsuler. Une écharde de bois, par exemple, sera repoussée par une réponse inflammatoire de l'organisme. Les matériaux dits inertes tels que le titane et le silicone entrainent une réaction différente. Le corps forme une fine pellicule autour de l'implant, ce qui fait qu'ils sont considérés comme appartenant au corps. C'est aussi ce qu'on appelle une capsule. La formation de cette capsule est donc une réaction naturelle et parfaitement normale. Une contracture capsulaire peut survenir chez certaines patientes parce que la membrane formée par le corps autour de l'implant a tendance à devenir rigide ou à se rétracter. Au fil du temps (mois ou années) cette rigidité peut s'accentuer, entrainant une déformation du sein et, s'accompagner d'inconfort voir de douleurs. Une contracture capsulaire en elle-même n'est pas dangereuse, mais finira presque toujours par entraîner une réintervention au cours de laquelle la capsule est ouverte, retirée ou non, et la prothèse est remplacée ou non.  

Ces dernières années, trois complications plus rares sont apparues et sont décrites séparément ci-dessous. Il s'agit du BIA-ALC (Breast Implant Associated-Anaplastic Large Cell Lymphoma), du syndrome BII ou Breast Implant Illness et du BIA-SCC (Breast Implant-Associated Squamous Cell Carcinoma).

Le BIA-ALCL est l'abbréviation utilisée pour "lymphome anaplasique à grandes cellules associé à un implant mammaire". Ce phénomène très rare a été décrit depuis 2011 chez un certain nombre de femmes porteuses d'implants mammaires. À ce jour ce diagnostic a été posé chez environ 900 femmes dans le monde. Il convient de noter qu'environ 35 millions de femmes dans le monde portent actuellement des implants mammaires.

Un lymphome est une dégénérescence maligne des cellules lymphatiques, qui font partie des globules blancs. Ce n'est pas la même chose que le cancer du sein. Le premier symptome du BIA-ALCL est généralement la survenue brusque d'un épanchement liquidien autour de l'implant, entrainant un gonflement du sein. Une masse mammaire peut également être suspecte, mais nettement plus rare. Cet épanchement, appelé sérome, survient en moyenne environ 8 ans après la pose des implants. Vous remarquez alors qu'un sein devient sensiblement plus gros que l'autre. Un sérome est presque toujours bénin et se traite par une ponction (ou plusieurs ponctions) sous contrôle échographique. Le liquide ponctionné doit systématiquement être analysé à la recherche des cellules malignes. Si le diagnostic de lymphome est confirmé par cette analyse, l'implant et l'entièreté de la capsule doivent être retirés (capsulectomie totale). Si cela est fait à temps, cela suffira comme traitement final.

Au stade précoce de la maladie, l'intervention chirurgicale est considérée comme le traitement définitif et la patiente est guérie. Dans les rares cas de décès confirmés en lien avec le BIA-ALCL (environ 5%), la maladie était déjà à un stade fort avancé au moment du diagnostic.

Le lymphome étant une maladie rare, il est important d'être vigilant et de connaître les symptômes d'alerte devant vous faire consulter votre chirurgien :

  • Augmentation de volume du sein.
  • Masse mammaire ou axillaire dans le sein avec l'implant.
  • Douleur, fatigue anormalement importante.

Des informations actualisées sur ce sujet sont disponibles sur le site web de l'afmps.

Récemment, on a beaucoup parlé sur les réseaux sociaux des femmes porteuses d'implants mammaires, qui au fil du temps souffrent de diverses plaintes de nature et de gravité différentes. Ces plaintes sont regroupées sous le nom de "Breast Implant Illness" (BII), et sont aussi parfois regroupées sous le dénominateur bien plus large du syndrome ASIA (Autoimmune Syndrome Induced by Adjuvants). La liste des plaintes évoquées est longue et très variée. Elle peut être consultée sur le site de la Food & Drug Administration (FDA) américaine.

Bien qu'il n'y ait pas encore de consensus sur l'éventuel lien de causalité entre ces plaintes et la présence d'implants mammaires, les femmes portant des implants mammaires qui présentent des plaintes physiques doivent être prises au sérieux. Le BII a été décrit chez les femmes avec des implants remplis de silicone et des implants remplis de solution saline.

Il est bien entendu nécessaire d’exclure une éventuelle cause physique pouvant être traitée. Si aucune cause physique n’a pu être mise en évidence, le retrait des implants peut être envisagé mais sans garantie de disparition des plaintes. Les avantages et les inconvénients d’une telle chirurgie doivent être discutés avec votre chirurgien plasticien.

Le BIA-SCC ou « carcinome épidermoïde associé aux implants mammaires » est un autre phénomène extrêmement rare qui peut survenir en moyenne 15 à 42 ans après la pose de l'implant. L'avis de l'ESAPS (Association Européenne des Chirurgiens Esthétiques Plasticiens) est le suivant :

  1. Le SCC associé aux implants mammaires est une affection très rare (<20 cas confirmés dans le monde). Jusqu'à présent, les facteurs de risque sont inconnus et les lignes directrices pour la prise en charge des patients dans les cas confirmés ne sont toujours pas disponibles.
  2. Le SCC n'est pas exclusivement lié aux implants mammaires et a également été signalé chez des patients en association avec des implants dentaires ou des stimulateurs cardiaques.
  3. À ce jour, il n'existe aucune justification fondée sur des données probantes pour conseiller l'explantation d'implants mammaires non affectés sur la base de ces rapports de cas nouvellement signalés de cellules squameuses associées à des carcinomes d'implants mammaires.

Depuis le 1er mai 2021, tous les implants (mammaires et autres) doivent être enregistrés de manière centralisée auprès de l'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé. Cette traçabilité garantit que toutes les personnes porteuses d'un implant peuvent bénéficier d’un suivi, et que votre médecin traitant peut toujours avoir accès aux données de votre implant, si vous ne pouvez plus y accéder par l'intermédiaire de votre chirurgien plasticien.

  1. https://www.afmps.be/fr/humain/produits_de_sante/dispositifs_medicaux/materiovigilance
  2. https://www.nvpc.nl/nieuws_detail.php?nieuws_id=447
  3. https://www.fda.gov/medical-devices/breast-implants/medical-device-reports-breast-implant-associated-anaplastic-large-cell-lymphoma
  4. https://www.sofcpre.fr/communiques/implants-mammaires-lagc.html#22-novembre-2018-implants-mammaires-risque-lagc
  5. McKernan CD, Vorstenbosch J, Chu JJ, Nelson JA. Breast Implant Safety: an Overview of Current Regulations and Screening Guidelines. J Gen Intern Med. 2022 Jan;37(1):212-216. 
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  13. https://www.isaps.org/blog/isaps-safety-statement/